30 août 2016
La pérennité et la viabilité à long terme des OSBL d’habitation ont été au centre des représentations effectuées par les intervenants du logement communautaire au cours de la rencontre d’aujourd’hui. Les membres de la FOH3L ont pointé du doigt quelques-unes des failles majeures de la phase « exploitation » du programme AccèsLogis (ACL), qui ne prévoit que 300 $ par logement et par année pour la réalisation de travaux majeurs, ce qui est nettement insuffisant. « Comme le parc de logements représente un investissement collectif de près de 4 milliards de dollars, il est crucial que les sommes allouées à son entretien et à sa préservation soient suffisantes », a déclaré Jessie Poulette, qui représente les OSBL d’habitation de la région lavalloise.
Le RQOH et ses composantes à Laval, loin de s’opposer à la refonte des programmes encadrant la construction et l’exploitation des logements sociaux au Québec, sont plutôt en mode « proposition ». Ils insistent pour que le gouvernement mette en place un mode de financement qui favorise la prévisibilité et la stabilité des dépenses de financement assumées par les promoteurs et leurs locataires. Pour eux, tout nouveau programme doit allouer la plus grande autonomie possible aux organismes promoteurs afin que les projets réalisés puissent servir de levier pour consolider et améliorer l’offre de logement abordable. C’est dans ce sens que le projet Permaloge mis de l’avant par le RQOH, prévoit la possibilité d’utiliser l’équité hypothécaire afin de financer les travaux de réfection dont les immeubles ont besoin.
La consultation de la SHQ sur la « nouvelle approche » du Québec en matière de logement, qui en est à sa cinquième étape, est animée par le député Norbert Morin, responsable de l’habitation. Cependant cette rencontre du 30 août s’est également déroulée en présence de Francine Charbonneau, ministre responsable des Aînés et de la Lutte contre l’intimidation et ministre responsable de la région de Laval. Interrogée à savoir si le secteur du logement communautaire, dont près de 50 % des locataires sont des aînés, pouvait compter sur l’appui de son gouvernement, elle a eu cette réponse : « On a beaucoup de personnes âgées autonomes, qui sont dans des logements dits “ réguliers ”. Il faut s’assurer que chacun puisse se retrouver dans un milieu qui soit sain et sécuritaire et ça, c’est la responsabilité du gouvernement. »
Présent dans la salle, Richard Miron, qui travaille à L’En-droit de Laval, un organisme de défense des droits en santé mentale, a expliqué : « Laval connaît un taux d’inoccupation très bas, il y a ici une crise du logement. Dans les quartiers ayant été urbanisés plus anciennement, les logements se sont dégradés et, avec l’embourgeoisement de Montréal, de nombreux ménages pauvres se sont retrouvés ici. Les propriétaires voyant que leurs logements trouvent preneurs, ils n’investissent pas dans leurs taudis ! Pour avoir des logements à la fois abordables et décents, c’est le logement social qui va être la solution. On ne peut pas compter sur les propriétaires pour ce faire. »
M. Miron est à même de pouvoir constater à quel point l’insalubrité et la précarité de l’habitat ont des conséquences néfastes sur la santé mentale. L’organisme où il travaille est d’ailleurs en train de mettre sur pied un OSBL d’habitation à Laval, La Maison du peuple. « Mais pour nous, le logement communautaire, ce n’est pas uniquement un bâtiment. Il va y avoir une cuisine collective, la possibilité de faire du jardinage, des groupes d’achat, bref c’est un milieu de vie où les gens vont se réapproprier du pouvoir. »
La tournée de consultation de la SHQ déménage ses pénates à Montréal le 31 août pour une rencontre où les groupes régionaux et nationaux pourront prendre la parole. Le directeur général du RQOH, Stéphan Corriveau, y présentera les grandes propositions du mouvement.